AUCUN CADEAU N’A PLUS DE VALEUR QU’UN SAGE CONSEIL
Erasme 1469-1536

19 juin 2009 ..... La vélocité de la monnaie, facteur déterminant de la reprise ? De l'inflation ?

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«On ne l’apprivoise jamais et elle nous surprend toujours.»

Qui donc ?

La vélocité de la monnaie.

Pardon ?  La vitesse à laquelle l’argent change de main.


Souvent considérée comme stable; d'après Stéfane Marion, chef économiste du groupe canadien Financière Banque Nationale,
cette vélocité connaît en réalité d’importantes fluctuations, à la baisse en temps de crise.

D’où l’importance des injections «massives» de liquidités pour contrer la récession.

Dans les années 1930, la vélocité s’était effondrée. S’y ajoutait la contraction de la masse monétaire provoquant mécaniquement la récession.

Les banques centrales veulent aujourd’hui éviter ce piège.
Comment?

«Il faut s’assurer que le crédit continue d’arriver aux personnes solvables», martèle Stéfane Marion.
Selon lui, 10 millions de locataires américains encore solvables pourraient devenir propriétaires.


En outre, le stock de maisons à vendre commence à diminuer. Des indices, selon lui, que les Etats-Unis pourraient commencer à se redresser cette année encore.


Et il faudrait que la vélocité de la monnaie s'accélère ...

Comme dans ce petit village des Alpes qui vit du tourisme, sauf qu'à cause de la crise il n'y a plus de touristes.

Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre. Plusieurs mois passent, misérables.

Arrive enfin un touriste qui prend une chambre. Il la paie d'avance avec un billet de 100 euros. Sitôt, le touriste monté dans sa chambre que l'hôtelier court porter le billet chez le boucher, à qui il doit justement cent euros.

Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande.

Le paysan, à son tour, se dépêche d'aller payer sa dette au mécanicien du village à qui il doit encore la facture de réparation de son tracteur. Celui-ci boucle la boucle en se rendant à l'hôtel pour rembourser à l'hôtelier quelques dettes qu'il n'arrivait plus à honorer.

Comme il dépose le billet de 100 euros sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l'hôtelier qu'il n'aimait pas sa chambre et n'en voulait plus, ramasse son billet et disparaît.

Rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu. N'empêche que plus personne dans le village n'a de dettes.
 

Et tout le monde se demande alors: "N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale ?"

Dans cet exemple les intervenants ont tous une balance nulle : l'hôtelier devait 100 euros au boucher mais le mécanicien lui devait 100 euros. Le boucher devait 100 euros à l'agriculteur, mais il avait 100 euros de crédit chez l'hôtelier, etc...

Bien sûr, cette situation n'est pas vraiment la situation actuelle.

Pourtant, cette histoire peut nous faire réfléchir sur la vitesse de circulation de la monnaie - lorsque la confiance revient -, sur l'utilité de la liquidité ou des banques, ou sur leur inutilité, les intervenants ayant réussi ici à se débrouiller sans.


Puisqu'il est question de vélocité de la monnaie, Jean Christophe Bataille va donner un avis plus mathématique:


"Je lis souvent dans les articles ou les commentaires déflationnistes (Loic, Donner, mish ou Daily Bourse etc ...) que les masses de crédit accumulés (55 000 milliard de $) sont beaucoup trop importantes par rapport à la masse monétaire injectée actuellement (quelques milliers de milliard de $) pour créer de l'inflation. J'ai déjà dit combien je trouvais cette idée erronée.
Il faut rappeler que l'inflation est un phénomène dynamique et que la valeur absolue des masses de dettes et celle de monnaies injectées n'ont aucune capacité à déterminer les prix.


Si P représente l'indice des prix à la consommation, M, la masse monétaire, V la vélocité de la monnaie, c'est à dire le nombre de fois que les unités de monnaie changent de main en moyenne chaque année, et Q, le PIB, on sait que :

P = M*V/Q

La vélocité de la monnaie mise à mal par la crise de la dette et le crédit crunch va-t-elle diminuer plus que le PIB ?

Ce différentiel est en effet le mécanisme principal de la déflation à masse monétaire constante.
Je ne le crois pas, car contrairement à la crise de 29 les autorités ont maintenu les banques à flot et je pense qu'elle continueront à le faire quoi qu'il en coûte.
Elles ont, en préservant les banques, rétabli au moins un certain niveau de vélocité monétaire. Ce qui n'était pas le cas en 29 après les faillites bancaires en série. L'argent ne circulait plus à cette époque.

Que va faire alors le PIB par rapport à la masse monétaire ?


Il ne la suivra pas non plus car les plans de sauvetage qui se sont et vont se succéder n'empêcheront pas l'économie de végéter à cause de la dette colossale occidentale.

La création de monnaie affectée à ces sauvetages même si elle est bien inférieure au montant total de la dette sera donc largement supérieure à la progression du PIB.

Elle déséquilibrera donc inexorablement l'équation vers la hausse des prix." 
Source Tropical Bear.